Le mécénat est indispensable pour faire avancer la connaissance scientifique

Interview du Professeur Wassilios Meissner -Novembre 2023

Le professeur Wassilios Meissner est l’un des deux experts des maladies neurodégénératives à siéger au conseil d’administration de la Fondation Clément Fayat. Il revient sur cet engagement.

Professeur, vous êtes Chef du Service de Neurologie – Maladies Neurodégénératives au CHU de Bordeaux et Directeur Adjoint de l’Institut des Maladies Neurodégénératives à l’Université de Bordeaux. Comment trouvez-vous le temps d’être administrateur de la Fondation Clément Fayat ?

Dans son engagement pour combattre les maladies neurodégénératives, la Fondation Clément Fayat a choisi de soutenir plus particulièrement des projets visant à améliorer la prise en charge des patients. Ce mécénat est une source de financement très importante pour faire avancer la connaissance sur les neurosciences. C’est donc un plaisir pour moi de participer à cette action au sein du Conseil d’administration, j’estime que cela fait partie de mes missions d’intérêt général.

Quels types de projets soutient la Fondation et comment les choisissez-vous ?

Le Conseil d’administration s’appuie sur un comité scientifique indépendant, piloté par le Professeur François Tison, pour valider la pertinence scientifique des projets à court, moyen ou long terme. Nous apportons notre aide à des thèses ou à des études cohérentes avec les axes de la Fondation. Nous avons accordé par exemple des moyens pour financer une année d’études après la thèse dans le cadre d’une maladie rare. Le chercheur manquait de ressources pour connecter toutes les données cliniques et biologiques issues du groupe de patients étudiés, de façon à pouvoir définir les schémas d’études thérapeutiques.

Nous soutenons par ailleurs des projets concernant l’éducation thérapeutique du patient, lorsqu’il est encore capable d’être acteur de sa maladie. Nous nous intéressons aux thérapies non médicamenteuses, qui favorisent une approche globale de la personne soignée ; cela peut concerner différentes méthodes permettant de réduire le stress et l’anxiété liés à la maladie telles que l’hypnose, la méditation ou la musique.

La temporalité de la recherche médicale est le long terme, ce n’est pas forcément la même que celle des métiers du bâtiment.

C’est vrai, dans notre univers médical, il faut être humble et patient. Humble car nous apprenons tous les jours. Quant à la patience… je vais l’illustrer par un exemple : en 2010, nous avons entrepris des recherches sur le « diabète » du cerveau dans le cadre de la maladie de Parkinson. Les données encourageantes des essais thérapeutiques sont disponibles aujourd’hui, soit 13 ans plus tard ! Lorsqu’on finance un projet sur 36 mois, il faut se dire que c’est très court. Pourtant nous avons reçu la semaine dernière à la Fondation un thésard que nous aidons. Il nous a présenté ses premiers résultats, qui montrent une réelle avancée sur les connaissances scientifiques. Donc il y a aussi des encouragements sur le court terme !

Sur quoi porte la thèse de ce jeune chercheur ?

Dans le traitement de la maladie de Parkinson, il souhaite démontrer la possibilité d’utiliser des « navettes » chargées d’une molécule active, capables de pénétrer le cerveau afin de nettoyer des déchets affectant les neurones. Leur accumulation entraine une perte des neurones et une souffrance pour le patient. Ce chercheur doit encore faire la preuve de concept mais les perspectives sont intéressantes. Dans tous les cas, les travaux soutenus par la Fondation sont passionnants. Il faut savoir qu’au niveau des jeunes chercheurs, la concurrence est rude. Il est toujours très gratifiant de pouvoir aider un projet grâce au mécénat, et voir émerger des pistes d’amélioration.  

Quel regard portez-vous sur la prise en charge des patients aujourd’hui ?

Si je compare avec la situation que j’ai connue à mes débuts, il y a 27 ans, les pratiques autour des maladies neurodégénératives ont beaucoup évolué. Désormais les patients sont soignés par des équipes formées d’ergothérapeutes, de kinés, d’orthophonistes, de psychologues… Cette approche pluridisciplinaire est un réel progrès, même s’il reste beaucoup à faire. D’où l’importance d’une Fondation comme celle-ci pour soutenir la recherche.

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